dimanche 26 juin 2011

Une religieuse devant les Prud'hommes

Dans le 1er numéro du journal L’Echo des Ouvriers* du mois de septembre 1840 on peut lire ce compte-rendu d’une séance du conseil des Prud’hommes du mercredi 8 juillet présidé par M. Riboud.

« Une demoiselle d’une quarantaine d’années et portant un costume d’une nouvelle communauté religieuse, avait engagé des jeunes filles connaissant le travail du tissage, à entrer dans une communauté qu’elle disait être dans l’intention de fonder. Mais provisoirement c’était un atelier qui avait été monté pour le tissage des étoffes unies et les aspirantes religieuses faisaient leur noviciat sur la banquette. La supérieure trouvait sans doute bon ce proverbe : Qui travaille prie ; mais ceci n’était pas du goût des novices qui prétendaient n’avoir quitté les ateliers où elles étaient employées que pour se consacrer à la prière ; alléguant que si leur désir eût été de travailler comme elles sont forcées de la faire, un salaire eût été stipulé et leur était dû. Travailler, être considérées comme des apprenties sans liberté et sans bénéfice, était chose qui ne pouvait durer toujours ; et après un essai du cloître, c’était leur libération après laquelle elles soupiraient.
Le Conseil, considérant que l’on avait abusé de la crédulité de ces filles, en leur promettant une vie religieuse, et vu l’absence de contrat d’apprentissage, les déclare libres de tout engagement envers leur maîtresse.


*L’imprimerie est au 12 de la Grande Rue de la Croix-Rousse et M. Collomb, habitant au 3 du cours d’Herbouville, prend les abonnements.

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