mercredi 17 août 2011

Découverte macabre dans l’église Saint-Denis à la Croix-Rousse


Le 6 avril 1848 le journal Le Peuple Souverain reprend du Censeur un article sur une étrange affaire :

« Aujourd’hui règne à la Croix-Rousse une vive agitation par suite d’une découverte faite dans l’église. Le bruit s’était répandu que des armes étaient cachées dans cette église, et MM. Galerne et Chaumont, escortés des citoyens qui veuillent en ce moment au maintient de l’ordre public, les Voraces, s’y sont transportés lundi soir vers 9 heures pour faire une perquisition. Les recherches ont bientôt commencé, avec le plus grand ordre, dans toutes les dépendances de l’église. On a soulevé quelques dalles, et bientôt se sont offerts aux regards une grande qualité de cercueils, le plus grand nombre en état de parfaite conservation. M. Chapot, médecin, a été aussitôt invité par M. Galerne à se transporter sur les lieux. Trois caveaux ont été ainsi reconnus entièrement pleins de cercueils entassés pêle-mêle.
M. le docteur Chapot, accompagné de MM. Les magistrats de la Croix-Rousse et de M. Galerne, reconnait facilement des squelettes parfaitement intacts, dépouillés de leurs chairs, dont quelques-uns de jeunes filles conservaient encore de beaux cheveux blonds. Quant à leur nombre, il est impossible de l’évaluer pour le moment car ils sont empilés depuis le sol jusqu’aux voutes, mais on est au-dessous de la vérité en le fixant au moins à trois cents. Ce qu’il y a de positif, c’est ces cadavres, dont les plus récents remontent au moins à cinquante ans, ont été, il y a quelques années jetés sans ordre dans les caves, lors de la reconstruction de l’église. Deux vicaires présents, ainsi que le sacristain, n’ont pu, de reste, donner aucun renseignement.
Hier matin à huit heures, le même médecin s’est transporté de nouveau à l’église, accompagné de M. Chanay, commissaire du gouvernement près le tribunal ; il a trouvé M. le commissaire de police de la Croix-Rousse, M. le maire Auberthier, l’architecte de l’église et ses deux confrères les docteurs Bastide et Duviard. Ils ont été unanimes à reconnaître que tous ces corps avaient été inhumés avant la première révolution. Ainsi rien n’est plus faux que ce bruit qui a une tendance à se propager, savoir, que ces corps proviendraient des maisons Denis et Collet, seraient le résultat de crimes et auraient été portés furtivement dans ces caves pour que les auteurs puissent échapper à l’action de la justice.
Un rapport du commissaire de la Croix-Rousse, accompagné d’une expertise médico-légale des docteurs Chapot, Duviard et Bastide, finira de dissiper tous les doutes sur cette affaire ténébreuse en apparence, mais simple dans le fond. »

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