mercredi 17 août 2011

Il y a urgence pour un hôpital à la Croix-Rousse

La construction de l’Hôpital de la Croix-Rousse commencera en 1855 pour s’achever en 1861. Pourtant il en était question depuis très longtemps. A propos du décès d’un ouvrier en soie pendant son transport, long et malaisé, de la Croix-Rousse à l’Hôtel Dieu, le journal Le Censeur constate dans son édition du 19 juin 1841 : « ce fait est d’autant plus triste et douloureux à enregistrer qu’il accuse un état de choses dont la durée remonte assez loin dans le temps, car il se mesure à l’existence de la Croix-Rousse. » Il rappelle que de nombreuses voix se sont élever pour dénoncer cet état de fait et notamment celle du docteur Perrot (orthographié dans l’article Perraud) « un honorable médecin appelé dans l’exercice de son art, à reconnaître tout ce qu’il y avait de gravement fâcheux pour les nombreux ouvriers qui composent presque toute entière la population de la Croix-Rousse. » Il avait d’ailleurs légué en mourant une somme assez considérable et des immeubles à vendre afin que l’argent serve à créer un hospice. « Et bien ! Le vœu du testateur est encore à réaliser » s’insurge le quotidien qui ajoute que « la noble et généreuse pensée de M. Perraud n’a pas encore été fécondée par les diverses administrations qui ont pris part au gouvernement des affaires de la populeuse et intéressant cité. » Le Censeur dresse un tableau intéressant des canuts de 1841 :
« On se saurait penser sans amertume qu’une population éminemment laborieuse, qui consume sa vie en un labeur toujours pénible, trop souvent ingrat, et qui s’élève aujourd’hui à plus de vingt mille âmes, n’est pas même pourvue d’un hospice où puissent s’abriter ceux que qui la dureté des temps n’a laissé que la gêne et la misère pour compagnons de vieillesse, et ceux à qui, en l’absence de toute justice distributive la charité publique est obligée de venir en aide, lorsque, saisis par le mal, ils perdent avec le travail les faibles ressources qui les font vivre au jour le jour. Oui, là où vingt mille travailleurs s’emploient à la fabrication des tissus si magnifiques et si variés qui ont fait et qui assurent à la ville de Lyon, en face de la concurrence de l’Europe entière, sa fortune, sa gloire, sa renommée ; là où chaque jour la soie s’apprête à former tour à tour les parures élégantes et les somptueux ornements que nous voyons s’étaler, ruisselants d’or, dans les temples aux cérémonies religieuses, là il y a, pour prix, des ouvriers chaque jour exposés à mourir sur la route de l’hôpital. »

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