jeudi 16 octobre 2014

Godefroy Cavaignac


 

             1834 : une espérance de République


 

Le 6 novembre, la République de Montmartre et la République des Canuts organisent une conférence évoquant Godefroy Cavaignac et la révolte des canuts de 1834 dont c’est le 180ème anniversaire. Et ce dans le cadre de la manifestation lyonnaise Labelsoie. Cette journée particulière permettra une fois encore de mesurer combien Montmartre et la Croix-Rousse ont des points communs.

 

En effet le collectif Novembre des Canuts dont l’objectif est de redonner la parole aux tisseurs de soie, en préparant le thème de la manifestation Labelsoie, s’est aperçu que la révolte de 1834 va trouver un écho important à Paris. D’ailleurs lors du « procès monstre » de 1835  vont être sur les mêmes bancs des accusés, les canuts lyonnais et les insurgés parisiens, notamment Godefroy Cavaignac, grand leader républicain enterré au cimetière de Montmartre. Une évidence s’imposait alors au collectif Novembre des Canuts, rendre hommage à celui qui fut le président de la Société des Droit de l’Homme. Les liens étroits qui unissent la République des Canuts, membre du collectif, et la République de Montmartre, et le fait même qu’elle porte un terme cher à Cavaignac, « République », vont permettre à ce projet d’aboutir.

 

Quelques mots sur la révolte de 1834.


Très souvent les révoltes de 1831 et 1834 sont placées sous le vocable commun de « révoltes des canuts », période évoquée par un artiste cher aux Montmartrois, Aristide Bruant. En effet toutes deux prennent naissance à Lyon, toutes deux impliquent des tisseurs et comme l’explique Fernand Rude, historien du mouvement social, « le schéma du déclenchement des deux révoltes est à peu près le même ; attroupements, construction de barricades et recherche de fusils et de munitions ». Mais on peut constater de nombreuses différences. Notamment la présence de la politique dans les slogans lancés pendant les combats et  celle de nombreux militants républicains ou appartenant à la Société des Droits de l’Homme. Il s’agissait nettement, écrit Rude, de renverser le régime établi, la monarchie de Juillet et de proclamer la République. Le républicain Lagrange dira : « nous avons rêvé la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme ». D’ailleurs autre différence notable avec 1831,  cette révolte sera relayée à Paris et dans d’autres villes de France. Il faut également noter que les mesures prises par Louis Philippe vont contribuer à la mobilisation des démocrates, des républicains et des chefs d’atelier, des ouvriers tisseurs ou autres. La liberté de la presse est supprimée, l’Echo de la Fabrique, le journal des canuts créé en 1831 devra s’arrêter, le droit d’association déjà très limité sera purement et simplement supprimé. Le 9 avril 1834 s’ouvre le procès de dix chefs d’atelier et trois compagnons ferrandiniers accusés de coalition lors de la grève de février réclamant une augmentation des tarifs. Le procès est à peine commencé que les premières barricades s’érigent. Commence alors une  semaine d’une émeute qui très rapidement trouvera un écho dans d’autres villes de France, notamment Paris. Si la révolte de 1831 est une révolte essentiellement ouvrière, celle de 1834 affiche clairement des objectifs politiques avec une implication importante des Républicains. Un procès « monstre » se déroulera à Paris en 1835 avec des peines de déportation et d’emprisonnement visant essentiellement les républicains.

Qui était Godefroy Cavaignac ?


Né à Paris le 30 mai 1800 il est le fils d’un député de la Convention qui vota la mort de Louis XVI, Jean-Baptiste Cavaignac et le frère aîné de Louis Eugène Cavaignac qui fut gouverneur en Algérie en 1848 et candidat malheureux contre Louis Napoléon Bonaparte. Notons également, ne serait-ce que pour démontrer que cette famille fut très présente au 18ème siècle que le fils de Louis Eugène, prénommé Godefroy, fut ministre sous la IIIème république.

Très tôt Godefroy Cavaignac, sans doute aidé par une ambiance familiale cultivant les valeurs républicaines et démocratiques, va s’engager. Sa principale arme est la plume. Il est journaliste à la Tribune des Département d’Armand Marrast, prend part aux Trois Glorieuses en 1830, il participe à la prise du Louvre, puis combat vigoureusement la Monarchie de Juillet. On le retrouve dans les principales organisations opposées à Louis Philippe, la Société des amis du peuple, la Société des Droits de l’Homme et l’association en faveur de la presse patriote.

Le procès de 1831 qui fait suite à la tentative d’insurrection d’avril de la même année, lui permettra d’exposer ses idées et ainsi le fera connaître dans tout le pays. En 1834 il est au côté des frères Arago, de Louis Blanc, de Victor Schœlcher, Ledru-Rollin, Blanqui. Un groupe qui entretient des rapports avec les républicains canuts de Lyon. Alors que depuis le 9 avril les combats font rage entre Saône et Rhône, le 15 avril, une nuit d’émeute est organisée à Paris. Cette révolte échouera et restera comme celle qui vit le massacre de la rue Transnonain par les soldats de Bugeaud. Daumier immortalisera ce dramatique moment. Les conjurés parisiens sont arrêtés, 164 au total, qui iront rejoindre, les Lyonnais, Stéphanois, Grenoblois… pour le fameux procès monstre devant la cour des pairs.

Godefroy Cavaignac organisera avec la complicité d’Armand Barbès une évasion de la prison Sainte Pélagie. Il prend le chemin de l’exil et ne rentrera en France qu’en 1840 et participe à la naissance du journal La Réforme. Atteint d’une pleurésie il meurt le 5 mai 1845. Ses funérailles au cimetière de Montmartre sont organisés par les républicains. Le cortège part de son domicile rue d’Auvergne, emprunte la rue des Martyrs jusqu’à l’église de Notre Dame de Lorette pour le service funèbre. Les cordons du poêle sont tenu par le peintre Drolling membre de l’Institut, Louis Blanc, Arago, Joly député, Ledru-Rollin. Devant sa tombe de nombreuses personnalités s’expriment, chacune soulignant ses qualités. Sa force de conviction, son attachement aux idées républicaines, son courage. A Lyon le journal Le Censeur titre sur trois colonnes à la une : mort de Godefroy Cavaignac et dans l’article écrit notamment : « …aussi la perte de Godefroy Cavaignac sera-t-elle vivement ressenti par tous ceux qui n’ont pas sacrifié à la politique égoïste qui prévaut de nos jours… »

 

Robert Luc

 

Déroulement de la journée du 6 novembre 2014


16 h 30 Cimetière de Montmartre

Hommage à Godefroy Cavaignac : évocation de sa vie, de son combat pour la République, en présence des personnalités.

Division 31 près de l’entrée avenue Rachel

Dépôt de gerbes.

20 h 30 Mairie du 18ème, place Jules Joffrin.

Conférence « Godefroy Cavaignac, une espérance de République » par Robert Luc et la compagnie du Chien Jaune. Organisée par la République de Montmartre et la République des Canuts  avec, la participation du Vieux Montmartre.

Entrée gratuite.

 

Renseignements :

Robert.luc2@wanadoo.fr